
1er texte (tiré du 4e Mémoire de Sœur Lucie)
Un jour, François dit à Lucie :
– J’ai beaucoup aimé voir l’Ange, mais j’ai aimé encore davantage Notre Dame. Ce que j’ai aimé le plus, c’est de voir Notre Seigneur dans cette lumière que Notre Dame nous a mise dans la poitrine. J’aime tellement Dieu ! Mais il est si triste à cause de tant de péchés ! Nous ne devons plus jamais en faire aucun.
L’histoire de François est une histoire d’amour pour Jésus.
François disait en effet: J’aime tellement Dieu. Il est triste à cause de nos péchés. Nous ne devons en faire aucun.
Depuis que Notre Dame a mis en son cœur cette Lumière qui était Jésus, sa vie était illuminée par cette lumière.
Son grand amour ne cessa de grandir, au point que tous les détails de sa vie furent illuminés par le Christ. Voilà pourquoi nous pouvons dire que jamais il ne pécha.
Car le péché, c’est tout ce qui, au-dedans de nous, n’est pas illuminé par Dieu. Ce qui est péché, ce sont les gestes, les paroles, les désirs et les affections qui ne sont pas illuminés par la lumière qu’est le Christ.
En contemplant François, totalement illuminé par Jésus, que grandisse en nous le désir d’être habité par cet amour, afin que tous les détails de notre vie soient illuminés par Dieu et que tous nos gestes puissent rayonnés de son amour...
2e texte (tiré du 4e Mémoire de Sœur Lucie)
Un jour, nous avons rencontré un enfant qui tenait dans sa main un petit oiseau qu’il avait attrapé. Saisi de pitié, François lui promit deux sous s’il le laissait s’échapper. Le garçon accepta, mais il voulait d’abord avoir l’argent en main. François retourna alors à la maison, depuis la mare de la Carreira, qui se trouve un peu plus bas que la Cova da Iria, pour chercher les deux sous et délivrer ainsi le prisonnier. Quand il le vit s’envoler, il battit des mains de contentement et dit :
– Fais attention ! Ne te laisse plus attraper !
Nous sommes surpris par la capacité d’aimer de François, marquée par la gratuité : pour libérer cet oiseau, François accepte de tout perdre : perdre son temps, perdre son argent et même perdre l’oiseau...
De fait, ce qui étonne le plus dans cet épisode, c’est le cœur de François.
Et ce qui nous enchante, ce n’est pas tant son amour pour les oiseaux.
C’est surtout la liberté qu’il prend par rapport à ce qu’il aime.
Il ne veut rien posséder, il reste avec rien pour lui. C’est la liberté de son cœur qu’il manifeste à travers cet oiseau.
Seul un cœur ainsi détaché de lui-même et humble peut se remplir de Dieu. Seul un tel cœur peut expérimenter la joie véritable, la joie de ne rien avoir et de tout posséder...
3e texte (tiré du 4e Mémoire de Sœur Lucie)
Nous avons raconté à François tout ce que Notre Dame avait dit. Et lui, pour manifester la joie qu’il ressentait de la promesse qu’il irait au ciel, croisa les mains sur son cœur et dit :
– ô ma Notre Dame ! Des chapelets, j’en dirai autant que vous voudrez !
Et, depuis lors, il prit l’habitude de s’éloigner de nous, comme pour se promener. Si je l’appelais et lui demandais ce qu’il faisait, il levait le bras et me montrait son chapelet. Si je lui disais de venir jouer et qu’ensuite il prierait avec nous, il répondait :
– Après, je prierai aussi avec vous. Tu ne te rappelles pas que Notre Dame a dit que je devais réciter beaucoup de chapelets ?
Il prit l’habitude de s’éloigner de nous, dit Lucie.
Voilà un don que François offre à l’Église : le courage de rester en silence, dans la solitude, pour un moment qui devient prière.
Dans notre monde marqué par un rythme accéléré et la recherche du bruit, François, par son désir d’une solitude priante, nous montre un morceau du ciel.
C’est avec courage que François continue aujourd’hui à lever le bras en nous montrant le chapelet.
Le chapelet était sa prière préférée.
En contemplant les mystères du rosaire, François, même s’il ne le savait pas, permettait à l’Esprit Saint de faire de lui « comme une humanité de surcroît, en laquelle Jésus puisse perpétuer sa vie de réparation, de sacrifice, de louange et d’adoration ». (Ste Elisabeth de la Trinité)
Remercions Dieu pour tout ce que l’Esprit Saint a fait en son petit François.
4e texte (tiré du 2e Mémoire de Sœur Lucie)
Pendant sa maladie, François souffrit avec une patience héroïque, sans jamais laisser échapper un gémissement ni la plus légère plainte. Je lui demandai un jour, peu avant sa mort :
– François, tu souffres beaucoup ?
– Oui, mais je souffre tout par amour pour Notre Seigneur et par amour pour Notre Dame.
Un jour, il me donna la corde dont j’ai déjà parlé et il me dit :
– Prends-la et emporte-la avant que ma mère la voie ! Maintenant je ne peux plus la porter à la ceinture.
Il prenait tout ce que sa mère lui apportait, et je ne suis jamais arrivée à savoir si quelque chose ne lui plaisait pas.
Quelle belle expression de Lucie pour décrire François : « Sa mère n’est jamais arrivée à savoir si quelque chose ne lui plaisait pas. »
Des trois petits bergers, celui dont on sait le moins de choses, c’est précisément François.
Après les apparitions de l’Ange, François devint l’ami inséparable de Jésus caché, et c’est pour cette raison qu’il aimait se cacher… même de Jacinthe et de Lucie.
Au cours de ses innombrables heures d’adoration, il apprit l’art de la petitesse, de ne pas être protagoniste, mais instrument. C’est ainsi qu’en « se cachant même de lui-même », François nous montre Jésus doux et humble qui l’habite.
Voilà pourquoi il avait une patience héroïque dans la maladie, tout comme son Jésus caché avait un amour extrême pour nous, dans sa passion, quand il offrit sa vie pour chacun.
5e texte (tiré du 4e Mémoire de Sœur Lucie)
Nous allions un jour à la Cova da Iria lorsque, peu après la sortie d’Aljustrel, nous avons été surpris par un groupe de personnes à un tournant de la route. Pour mieux nous voir et nous entendre, elles nous mirent, Jacinthe et moi, au-dessus d’un petit mur. François refusa de se laisser mettre en haut, comme s’il avait peur de tomber. Il réussit peu à peu à s’éloigner et il alla s’adosser à un vieux mur qui se trouvait en face. Une pauvre femme et un garçon – c’étaient la mère et son fils –, voyant qu’ils n’arrivaient pas à nous parler en particulier comme ils le désiraient, allèrent s’agenouiller devant lui pour lui demander de leur obtenir de Notre Dame la guérison du père et, pour le fils, la faveur de ne pas aller à la guerre. François s’agenouilla aussi, enleva son bonnet et leur demanda s’ils voulaient dire le chapelet avec lui. Ils acceptèrent et se mirent à prier. Bientôt tous ces gens, laissant là les questions curieuses, se mirent aussi à genoux pour prier.
François avait-il peur de tomber ?! Non, François, qui aimait sauter dans la montagne au milieu de ses brebis, n’avait pas peur de tomber.
Il ne s’agit pas de peur, mais de petitesse, de l’humilité du cœur : François ne voulait pas de ces hauteurs qui ne lui appartenaient pas, parce qu’il acceptait avec simplicité sa condition, n’étant pas troublé par ce qu’il ne parvenait pas à avoir. Nous savons comment, des trois petits bergers, il a été le seul à ne pas arriver à entendre Notre Dame et l’Ange. Mais cela ne le troublait pas. Il semblait reconnaître et accepter la vérité sur lui-même ! C’est pour cela qu’il choisissait le lieu qui lui convenait : être « en bas », et non « en haut », marcher avec réalisme sur le sol qu’il foule, dans une sereine acceptation de lui-même et de la mission que le Seigneur lui avait confiée.
C’est à partir de son lieu, de sa nature et de sa condition qu’il est devenu un pôle d’attraction. Il n’a pas cherché pas à attirer l’attention sur lui-même, mais il tendait vers Dieu, dans l’intimité de son cœur.
6e texte (tiré du 4e Mémoire de Sœur Lucie)
François venait jouer avec nous sur la vieille aire, en attendant que Notre Dame et les anges allument leurs lampes [la lune et les étoiles]. Il s’animait en les comptant, mais rien ne l’enchantait plus qu’un beau coucher ou un beau lever de soleil. Dès qu’il en apercevait les premiers rayons, il ne cherchait plus à voir s’il y avait encore une lampe allumée dans le ciel. Il disait à Jacinthe :
– Aucune lampe n’est aussi belle que celle de Notre Seigneur.
Jacinthe, elle, préférait la lampe de Notre Dame, parce que, disait-elle, elle ne fait pas mal aux yeux.
Enthousiasmé, François suivait des yeux tous les rayons qui scintillaient sur les vitres des maisons des villages voisins ou sur les gouttes d’eau répandues sur les arbres et les herbes de la montagne.
Nous sommes nous-mêmes enchantés de voir François contempler avec sérénité et émerveillement la beauté de la création.
Avec son cœur sensible, il aimait toute la création et apprit à voir Dieu mystérieusement présent dans toutes ses créatures.
« Quand la charité du Christ transfigure la vie des saints – l’esprit, l’âme et le corps –, ils deviennent une louange à Dieu et, par la prière, la contemplation et l’art, ils intègrent aussi toutes les autres créatures » (Message du pape François pour le carême 2019).
Que l’exemple de François Marto nous stimule à avoir des gestes de respect pour notre terre, notre « Maison commune », sachant que « si l’homme vit comme fils de Dieu, s’il vit comme une personne sauvée qui se laisse guider par l’Esprit Saint (cf. Rm 8,14) et sait reconnaître et mettre en œuvre la loi de Dieu, en commençant par celle qui est inscrite en son cœur et dans la nature, alors il fait également du bien à la création, en coopérant à sa rédemption» /Message du pape François pour le carême 2019)
Angela de Fatima Coelho
Fatima,13 mars 2019.