SECONDE LECTURE
De l’homélie du pape Jean-Paul II, pendant la messe de béatification de François et de Jacinthe Marto, le 13 mai 2000, à Fatima
Les petits privilégiés du Père
« Je te bénis, Père, d'avoir caché cela aux sages et aux savants, et de l'avoir révélé aux tout-petits. »
Par ces paroles, Jésus loue le Père céleste pour ses desseins : oui, Père, car tel a été ton bon plaisir. Il t'a plu d'ouvrir ton Royaume aux tout-petits.
Selon le dessein divin, « une Femme ayant le soleil pour manteau » est venue du ciel sur cette terre à la recherche des petits, les préférés du Père. Elle leur parle avec une voix et un cœur de mère. Elle les invite à s'offrir en victimes de réparation, se disant prête à les conduire, en toute sécurité, jusqu'à Dieu. C’est alors qu’ils voient sortir de ses mains maternelles une lumière qui pénètre en eux, si bien qu'ils se sentent plongés en Dieu, comme lorsqu'une personne – ont-ils eux-mêmes expliqué – se regarde dans un miroir.
Plus tard, François, l'un des trois privilégiés, observait : « Nous brûlions dans cette lumière qui est Dieu, mais sans nous consumer. Comment est Dieu ? On ne peut pas le dire ! Non, vraiment, personne ne pourra jamais le dire ! » Dieu est une lumière qui brûle, mais qui ne consume pas. C’est la même perception qu'a eue Moïse, lorsqu'il vit Dieu dans le buisson ardent.
Ce qui impressionnait et absorbait le plus François, c’était Dieu dans cette lumière immense qui les a pénétrés tous les trois à l’intime de leur être. Il s'est opéré dans sa vie une transformation que l'on pourrait dire radicale ; une transformation certainement peu habituelle pour un enfant de son âge. Il s'engage dans une vie spirituelle intense, avec une prière si assidue et fervente qu'il en arrive à une véritable forme d'union mystique avec le Seigneur. C'est précisément cela qui l’a poussé à une purification croissante de l'esprit, par de nombreux renoncements à ce qui lui plaisait, même aux jeux innocents des enfants.
François endura de grandes souffrances pendant la maladie dont il mourut, sans jamais se plaindre. Tout lui semblait peu de chose pour consoler Jésus. Il mourut le sourire aux lèvres. Chez ce jeune enfant, grand était le désir de réparer les offenses des pécheurs, en s’efforçant dans ce but d'être bon et en offrant sacrifices et prière. Jacinthe, sa sœur plus jeune que lui de presque deux ans, vivait animée des mêmes sentiments.
Dans sa sollicitude maternelle, la Très Sainte Vierge est venue à Fatima pour demander aux hommes de « ne plus offenser Dieu, Notre Seigneur, qui est déjà trop offensé ». Elle dit aux petits bergers : « Priez, priez beaucoup, et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’il n’y a personne qui se sacrifie et prie pour elles. »
La petite Jacinthe a partagé et vécu cette affliction de Notre Dame, s'offrant héroïquement comme victime pour les pécheurs. Un jour, lorsqu'elle-même et François avaient contracté la maladie qui les obligea à garder le lit, la Vierge Marie vint leur rendre visite à la maison, comme l’a raconté Jacinthe : « Notre Dame est venue nous voir et elle a dit qu’elle viendrait bientôt chercher François pour l'emmener au ciel. À moi, elle m’a demandé si je voulais encore convertir des pécheurs. Je lui ai dit oui. » Et lorsque le moment du départ de François s'approche, Jacinthe lui recommande : « Dis à Notre Seigneur et à Notre Dame que je pense beaucoup, beaucoup à eux ; dis-leur que je souffrirai tout ce qu’ils voudront pour la conversion des pécheurs et en acte de réparation au Cœur Immaculé de Marie. »
Jacinthe a été tellement frappée par la vision de l'enfer, qui eut lieu lors de l'apparition du 13 juillet, que toutes les mortifications et pénitences lui semblaient peu de chose pour sauver les pécheurs.
Répons Col 1, 24 ; 2 Cor 4,10
R. Ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église.
V. Toujours nous portons, dans notre corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps.
Prière
Dieu de bonté infinie, qui aimes l’innocence et exaltes les humbles, accorde-nous, à l’imitation des saints François et Jacinthe, de te servir d’un cœur pur, afin de pouvoir entrer dans le Royaume des cieux. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui règne avec toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.
Amen.