Chez Jacinthe, l’attitude de compassion est centrale. En elle, nous reconnaissons un cœur profondément compatissant et totalement dévoué à la mission que le ciel lui a confiée. Voici ses propres paroles : « Ah ! si je pouvais mettre dans le cœur de tout le monde le feu que j’ai là dans ma poitrine, qui me brûle et me fait tellement aimer le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie ! » (Mém., p.135). Dès le début des apparitions, elle a une profonde dévotion au Cœur Immaculé de Marie.
Avec le cardinal Joseph Ratzinger, nous comprenons comment l’amour pour Notre Dame a configuré la vie de Jacinthe : « Avoir de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, c’est s’approcher de cette attitude du cœur par laquelle le fiat – que soit faite ta volonté – devient le centre autour duquel se forme toute l’existence ». De fait, la petite bergère Jacinthe a appris avec Marie et à l’école de son Cœur Immaculé à faire de la volonté de Dieu le centre autour duquel elle a conformé son existence : elle a appris avec elle à « faire comme Notre Seigneur » (Mém., p.44).
Ce désir de conformer son existence au Cœur de Jésus a conduit Jacinthe à désirer le suivre en parcourant le même chemin que le Maître. Le Seigneur n’a pas fui l’agonie de Gethsémani, ni la solitude et l’abandon sur la croix. La petite Jacinthe n’a pas non plus rejeté la solitude pendant sa maladie ni l’épreuve de s’être vue refuser la communion eucharistique – ce qui aurait été son ultime consolation possible au moment de mourir –, et elle ne s’est pas dérobée à la blessure ouverte dans sa poitrine, ressemblant ainsi au Cœur transpercé de Jésus, qu’elle aimait si tendrement. Elle vécut tout cela avec une joie sereine et par amour, comme en témoignent les interrogatoires lors de son procès canonique.
La petite Jacinthe, qui « aimait beaucoup penser » (Mém., p.63), en méditant et en gardant tout dans son cœur, comme l’a fait la Dame qui était maintenant sa « Maîtresse dans l’école de la sainteté » (Jean-Paul II) et qui « l’introduisit dans la connaissance intime de l’Amour trinitaire » (Benoît XVI), apprit à avoir un cœur universel. Pendant son séjour en prison, à Ourem, quand Lucie lui demande de choisir à quelle intention elle veut offrir ses sacrifices – pour les pécheurs ou pour le Saint-Père ou en acte de réparation au Cœur Immaculé de Marie –, Jacinthe n’hésite pas à répondre : « J’offre pour toutes ces intentions, parce que je les aime toutes ! » (Mém., p.54).
Elle développa un profond sentiment de compassion pour toutes les formes de souffrance humaine qu’elle apercevait, dans l’intense lumière de Dieu et à travers le Cœur Immaculé de Marie. Elle fut insatiable dans sa soif de prier et d’offrir des sacrifices pour les pécheurs. Son âme brûlait de « zèle » pour le salut de l’humanité qu’elle ressentait comme sienne. Écouter Jacinthe, dans ses innombrables expressions de compassion pour tout genre de souffrance et de misère, fait naître en nous la gratitude envers le Père, parce qu’il a caché ces vérités aux sages et aux savants, et les a révélées aux tout-petits (cf. Mt 11, 25).